Gribouilliste-croquiste et styleuse-modeuse…

Celles et ceux qui ont suivi les précédents épisodes (et suivront les prochains) ont compris que pour trouver des créatifs il faut plutôt aller du côté MAÎTRE / AYMONIER : entre le dénommé TOURLAQUE (Branche AYMONIER) qui a côtoyé les peintres les plus célèbres, une Antoinette MAÎTRE qui a épousé un certain André CHARIGNY, peintre franc-comtois renommé, les REUDET / AYMONIER inventeurs et entrepreneurs de père en fils (article à venir) et nos grands-parents paternels qui jouaient tous deux du piano, difficile de tenir la barre côté MORIN / GICQUEL… Pas de peintre, ni d’artiste… Ni industriel, ni inventeur fou. Tout au plus une lignée de meunier côté GICQUEL et des cultivateurs et commerçants-débitants côté MORIN. Pas de quoi créer la moindre prédisposition créatrice auprès des descendants…

Et pourtant, contre toute attente, ce sont bien les enfants MORIN / GICQUEL qui avaient la fibre artistique : notre oncle Jean MORIN jouait très bien du piano quand il était jeune, même si de par sa profession -il était prêtre- il a plus eu l’occasion de s’exercer sur un orgue. Sa soeur aînée, Marie-Louise maîtrisait l’art du dessin et de la peinture. Pendant ses séjours en France (1), installée dans la cour, elle croquait à main levée et peignait des bouquets de fleurs et des paysages toujours très joyeux, oeuvres qu’elle abandonnait à la postérité.

Enfin, on sait que, Thérèse, la cadette, a toujours regretté de ne pas avoir poursuivi l’apprentissage du piano. Les cours lui avaient été offerts avant la guerre par leurs amis de Loos-lez-Lille (59), les POTIER qui avait les moyens, et aussi un grand coeur.

Et tout comme sa soeur, Thérèse était aussi douée pour le dessin. A t’elle eu l’occasion et le goût d’exercer ses talents durant la guerre ? Je n’en suis pas convaincue vu les circonstances… Toujours est-il que devenue adulte, pendant les réunions, qui furent nombreuses du fait de son métier (professeur, puis directrice) et de son engagement dans moultes activités associatives, elle ne pouvait s’empêcher de griffonner, gribouiller, noircir des pages et des pages de croquis et de formes plus ou moins géométriques. A croire qu’elle avait hérité de sa maman ce besoin irrépressible de s’occuper les mains (voir l’anecdote relative aux queues de vaches dans l’article Jeanne, du moulin de Cohorno à la vie de château….)

Pour exemple, voici quelques planches d’un carnet exclusivement dédié aux gribouillis de réunions

Par ailleurs, étant une couturière émérite, ancienne professeure ayant travaillé à Paris dans le secteur de la mode, Thérèse MORIN, devenue maman, avait l’habitude de créer et de confectionner la plupart des vêtements pour ses 3 enfants : pantalons, salopettes, chemises, robes, manteaux, etc. Rien ne lui faisait peur, au contraire ! elle adorait cette phase de création. Et il n’était pas question de choisir des schémas existants. Les modèles sortaient directement de son imagination. Nous, les filles, avons ainsi porté des robes en skaï (simili cuir) écossaises avec des cercles évidés au niveau de la taille (la mode avant l’heure des ventres à l’air), des robes courtes avec des volants ou avec des smocks faites main (fronces rebrodées sur l’endroit du tissu)… A l’école, nous n’étions jamais habillées comme les autres -en plus de ne pas porter les mêmes prénoms- et nous en éprouvions je crois une grande fierté. Voici quelques modèles esquissés et créés par notre mère modiste :

En définitive, dans le couple MAÎTRE / MORIN, chacun portait de manière complémentaire une grande part de créativité. Je ne pourrais trouver meilleur exemple que le recto verso de cette feuille pour l’illustrer :

Au recto, les gribouillis de notre mère qui faisant preuve d’une grande auto dérision a noté en haut à gauche : “Réunion intéressante 1964”

Au verso, les savants calculs de notre père pour un projet en cours

(1) Marie-Louise était en effet fille de la charité à Madagascar ; elle y est restée 74 années, jusqu’à son décès en 2016

MORIN Thérèse née en 1927 à Loos-lez-Lille (59), dcd en 2009, fille de Louis (GPM) et de GICQUEL Jeanne (GMM) – conjoint : MAÎTRE Bernard, 3 enfants




De la disparition d’un patronyme…

Aujourd’hui on va parler patronyme. En particulier, d’un de ceux qui a disparu des radars en moins de temps qu’il ne faut pour le dire… enfin, en le disant lentement car cela a quand même pris 2 siècles ! Mais une paille à l’échelle d’une généalogie qui s’inscrit dans la durée…

Ainsi, Marie Joséphine, notre arrière-grand-mère maternelle, était la dernière porteuse d’un nom qui n’existe plus aujourd’hui, celui des TOURLAQUE (orthographié aussi TORLAC au XVIème et XVIIème siècle).

Alors d’où vient ce nom ? Selon un traité sur la toponymie normande, ce patronyme pourrait venir du vieux danois latinisé torlacus, qui se retrouve dans certains noms de villes comme Tourlaville dans la Manche ou Tourlamesnil, ancienne appellation de Tous-les-Mesnil, en Seine-Maritime.

Si aujourd’hui, je tape Tourlaque dans mon moteur de recherche sinon préféré, du moins imposé, tous les résultats pointent vers la rue du même nom –pour ne pas dire éponyme-  à Paris, célèbre pour avoir accueilli des ateliers de peintres renommés comme Toulouse-Lautrec, Bonnard ou Miro. Wikipedia nous apprend en outre que la Rue Tourlaque située dans le 18ème arrondissement  tire son nom du patronyme porté par l’ancien propriétaire du terrain, François TOURLAQUE (1767-1844).

(n.b. : il y a encore quelques jours, je pensais que François, établi à Paris,  n’avait rien à voir avec notre famille TOURLAQUE de Purgerot en Haute-Saône, mais c’était sans compter sur une découverte que j’ai faite entre temps. Mais là n’est pas l’objet de l’article du jour, nous en reparlerons plus tard)

Dans les pages blanches, rien ne ressort non plus sur une personne portant de nos jours ce patronyme. Geopatronyme, basé sur les données de l’INSEE n’est pas plus disert : « le Nom de Famille TOURLAQUE est introuvable dans notre fichier des porteurs nés entre 1891 et 1990 ».

Enfin, les résultats de Filae, même s’ils ne sont pas exhaustifs, finissent d’enfoncer le clou : après 1900, la base de données ne trouve plus aucune occurrence sur les naissances alors qu’entre 1650 et 1850, leur nombre n’avait cessé d’augmenter passant de 4 à 74 (naissances quasiment toutes situées à Purgerot, en Haute-Saône).

Pas de doute :  on a bien affaire à l’un des nombreux patronymes qui disparaissent chaque décennie.  Une statistique globale montre en effet que près du tiers des patronymes relevés entre 1891 et 1915 ne se retrouvent pas dans la période suivante, entre 1916 et 1940, c’est dire !  En contrepartie, lorsque 100 patronymes disparaissent, il en surgit 177 totalement nouveaux [1].

Partant de là, il m’a semblé intéressant d’examiner le phénomène à l’échelle de notre propre famille. Je vous invite donc à participer avec moi à un petit jeu, dont les règles sont les suivantes au titre du patriarcat patronymique (et seulement à ce titre, bien évidemment !!!) : dès lors qu’il y a des filles dans la fratrie, elles sont éliminées puisque même si elles arrivent à l’âge adulte, elles perdent leur nom de famille au profit de celui de leur époux ; seront également éliminés les garçons sans descendance (s.d.), a fortiori s’ils sont décédés en bas âge ce qui était fréquent.  

Les registres de Purgerot étant disponible seulement à partir de 1700, nous sommes astreints à prendre comme point de départ le couple Pierre TOURLAQUE et Jeanne TUBIN, uni par le mariage le 28/08/1668 à Purgerot (70), nos ascendants de 9ème génération. Manifestement, à cette époque, il n’y a déjà pas beaucoup de concurrence sur ce patronyme car le couple est le seul présent dans le registre.

Pierre et Jeanne ont 7 enfants, dont 3 filles et 2 garçons décédés en bas âge, donc sans descendance. Selon les règles édictées ci-dessus, 5 enfants sont éliminés d’office. Restent donc deux garçons, qui se marient tour à tour : Louis, notre ancêtre et François, l’ancêtre dudit François de la Rue Tourlaque

Louis (Génération 8), marié avec Françoise LALLEMAND en 1713  aura 3 enfants, dont 1 fille. François (G8, également)  aura 2 filles et un garçon.

A partir de la 7ème génération, 2 lignées se forment. L’une avec les deux fils du susnommé Louis (G8) qui perpétuent le nom, à savoir : Louis et Claude. Le premier, notre ascendant direct, se marie avec Anne LACHASSINE en 1741. Le deuxième avec Marguerite COUDRY en 1756.

Dans l’autre lignée, toujours à la 7ème génération, nous avons François, fils du susnommé François (G8), qui épouse Jeanne GALMICHE en 1762.

A la 6ème génération, le couple TOURLAQUE/LACHASSINE a 6 enfants dont 2 filles et 3 garçons sans descendance (soit décédés, soit sans enfants). Un seul reste en lice pour le patronyme : il s’agit de Claude, notre ascendant direct. Le couple TOURLAQUE/COUDRY est quant à lui éliminé, puisqu’il a 2 filles (mauvaise pioche). Pour le ménage TOURLAQUE/GALMICHE, le jeu continue puisque parmi ses 4 enfants, il aura 1 garçon nommé comme il se doit… François (fils de François, lui-même fils de François), celui-là même qui a donné son nom à la Rue Tourlaque

On voit donc qu’à la 6ème génération, ça commence à se gâter sérieusement pour notre patronyme : seuls deux garçons, un pour chaque lignée portent encore le nom… Claude, épouse Jeanne GELINOTTE en 1782 à Gésincourt (70), ils ont 6 enfants, dont 1 fille et 4 garçons sans descendance. Un seul garçon, Pierre, se marie en 1813.

Pour l’autre lignée… essayé pas pu, comme on dit :  mariés à Paris, François TOURLAQUE et Anne LHUILLIER ont 3 enfants : 2 filles (éliminées) et 1 garçon, Pierre Alexandre, qui fera pourtant une belle carrière comme expert de tableaux, mais n’aura pas de descendance. Bing ! le voilà hors course !  

Reste donc à la 5ème génération notre unique survivant –masculin !-  TOURLAQUEPierre de son prénom,  qui se mariera avec Louise DUNOD. Avant de mourir du choléra (cf article les concernant : ici) le couple donnera naissance à 4 enfants dont une (future vieille) fille,  un garçon qui décèdera en bas âge et un autre qui restera vieux garçon histoire de tenir compagnie à sa sœur (c’est d’ailleurs ce qu’ils feront en habitant tous deux sous le même toit à Aboncourt, Haute-Saône). Seul Gaspard se mariera en 1858 et quittera Aboncourt, après avoir été mis en faillite,  pour s’installer avec sa femme et… son unique fille (argh ! les jeux sont faits, rien ne va plus !) à Fertans (25).

La boucle est bouclée : Marie Joséphine TOURLAQUE s’éteindra en 1934 et emportera dans sa tombe son nom de jeune fille, qui avait déjà été mis en veilleuse après son mariage avec Stéphane AYMONIER en 1888. On connait la suite : l’une de leur fille, Rose, épousera en secondes noces Raymond MAÎTRE, notre grand-père paternel.

Pour celles et ceux qui auraient eu du mal à suivre, voilà ce que donne de manière schématique la disparition d’un patronyme sur 5 générations.

Infographie réalisée sous l’impulsion de Canva

Et vous savez quoi ? (histoire de boucler une énième boucle…) : la Rue Tourlaque, à Paris, débute au 47, Rue Lepic et se termine au 42, Rue-Joseph-de-Maistre… D’aucuns diront qu’il n’y a pas de hasards et/ou qu’on est en plein dans la psychogénéalogie… Pour ma part, je préfère parler de charmants clins d’œil de la vie comme il en existe dès lors que nous sommes prêts à les accueillir…

TOURLAQUE Marie Joséphine (AGMP) née en 1860 à Aboncourt-Gésincourt (70), dcd en 1934 à Fertans (25), fille de Gaspard et de LAILLET Marie Adélaïde – conjoint : AYMONIER Marie Honoré Stéphane, 2 enfants


[1] Darlu, P., Degioanni, A., & Ruffié, J. (1997). Quelques statistiques sur la distribution des patronymes en France. Population (French Edition), 52(3), 607-634. doi:10.2307/1534434




Histoire du divorce

Cette infographie a été créée pour accompagner l’article “Un ancêtre encombrant…

Infographie créée à partir des outils du génial site Canva



Un ancêtre encombrant

Joseph Amand MAÎTRE nait le 18 octobre 1840 à Brainans (39). C’est le fils aîné de la famille MAÎTRE Félix-SANTONNAS Clarisse, Deux frères lui succéderont, l’un décède à l’âge de 13 ans et l’autre, Aldegrin, deviendra plus tard le père de notre grand-père paternel. On peut imaginer -sans avoir pu encore le vérifier- que Joseph Amand a effectué son service militaire (d’une durée de 7 ans à l’époque) car c’est seulement en 1868 qu’il se marie avec Ernestine VALDOIS, une jeune fille originaire d’un village proche de Brainans (39). Elle n’a que 19 ans quand elle se marie, ce qui signifie qu’elle a dû obtenir l’autorisation de ses parents pour le faire, car la majorité matrimoniale était de 21 ans pour les filles. Elle exerce le métier de couturière.

Le couple “monte” vraisemblablement très vite à Paris pour trouver du travail comme le font beaucoup de jeunes jurassiens qui fuient la misère. Joseph est peintre en bâtiment. Il a peut être un penchant marqué pour l’alcool, ce qui peut le rendre violent… C’est en tout cas mon hypothèse. Toujours est-il qu’en ce lundi 18 février 1889 on le retrouve au Tribunal de Paris pour s’entendre signifier un jugement sans appel : le divorce prononcé à ses torts à la requête d’Ernestine pour le motif suivant : s’est livré sur sa femme à des voies de fait et à des mauvais traitements qui constituent des sévices graves. (source : Acte de divorce reporté le 30 juillet 1889 sur les registres d’état-civil de Montholier). Aïe., voilà qui fait mal… non seulement à sa femme, mais aussi à nous, les descendants… Nous voilà affublés à présent d’un grand-oncle violent et qui pour le coup ne fait pas honneur son patronyme : chez les Maître, en effet on se maîtrise… Pour cela, nous pourrions l’oublier aussi vite que nous l’avons exhumé du passé… mais c’est sans compter sur le fait que lui aussi fait partie de notre famille, qu’on le veuille ou non. Et surtout qu’il fait partie d’une époque où ce que nous jugeons intolérables aujourd’hui étaient encore timidement sanctionnés… Profitons-en pour faire un petit retour en arrière.

Histoire du divorce (voir l’original ici)
Infographie créée à partir des outils du génial site Canva

En 1889, cela fait seulement 5 ans que le droit au divorce a été rétabli, après une période de 68 ans pendant laquelle il était tout bonnement interdit. C’est en 1884 que la Loi Naquet réintroduit le divorce dans le Code Civil, mais elle le conditionne encore à la notion de faute, celle-ci pouvant être constituée par l’adultère, par la condamnation d’un des époux à une peine afflictive et infamante ou par des excès, sévices et injures graves. Encore fallait-il en fournir la preuve…

J’ignore quelle preuve Ernestine a dû apporter pour que sa demande soit prise en compte, et combien de fois elle a dû se présenter devant les représentants de la loi pour ce faire, mais ce qui est sûr c’est que 16 longs mois se sont écoulés entre la demande initiale d’Ernestine (12/10/1887) et le jugement. Cela laisse le temps de recevoir encore pas mal de coups…

Après le jugement, Ernestine repart sans doute dans le Jura où elle épousera en 1890 un jeune homme du pays. Joseph Amand quant à lui reste à Paris. Il est très difficile de retracer le parcours de Joseph après son divorce. On sait qu’il habite passage Brunoy 24, qui est une rue très mal famée, théâtre de nombreux crimes et délits, et qu’il se remarie le 11 novembre 1889 -il ne perd pas de temps!- avec une certaine Elisabeth COUMEIG qui est journalière et vient des Pyrénées-Atlantiques. L’histoire ne dit pas s’il bat sa nouvelle femme… Toujours est-il qu’ils restent ensemble jusqu’au décès d’Elisabeth en 1909, On perd ensuite la trace de Joseph Amand jusqu’à son propre décès le 23 janvier 1912, à l’âge de 71 ans, au 45 rue Gide à Levallois-Perret. Manifestement, cette adresse correspond à un ancien hospice pour personnes âgées et infirmes. Ceux qui viennent déclarer son décès sont de simples voisins. On peut donc imaginer que Joseph est mort comme il avait vécu : seul, sans famille et loin de son pays natal…

MAITRE Joseph Amand né en 1840 à Brainans (39), dcd en 1912, fils de Félix et de SANTONNAS Clarisse) – conjoint : VALDOIS Ernestine, puis COUMEIG Elisabeth, pas d’enfants




Liens familiaux d’hier et d’aujourd’hui

Nous avons parlé du début de vie pas très engageant qu’a connu notre grand-père, Raymond MAÎTRE. Petit rappel des faits : son père décède alors qu’il n’a que 9 ans. Il perd également un à un tous ses frères et soeurs (au nombre de 7). Quand son dernier frère aîné meurt -vraisemblablement de tuberculose-, Raymond n’a que 17 ans.. Il est censé reprendre le rôle d’homme de la famille auprès de sa mère et de sa grand-mère… sauf qu’il est lourdement handicapé. En mars 1921, alors qu’il s’apprête à 28 ans à s’inscrire à la Faculté des Lettres de Besançon, sa grand-mère maternelle, Philomène MAÎTRE, s’éteint à l’âge de 82 ans, très vite suivie par sa fille, Julie MARTINEZ -la mère de Raymond- le 24 décembre 1921. Drôle de cadeau de Noël pour notre jeune ancêtre qui cette fois se retrouve vraiment “seul, sans personne au monde… pour la vie… esseulé seul et solitaire”… ce qui, vous en conviendrez, fait “beaucoup de solitude”.

En général, dans ces moments-là il y a toujours une tante, un oncle, des cousins, de la famille proche sur laquelle on peut s’appuyer. Sauf que Raymond n’a ni cousins, ni oncles, ni tantes encore vivants… Vous y croyez vous à une telle poisse ?

En effet, du côté de sa maman, Julie MARTINEZ, c’est vite plié : elle est la seule survivante de sa génération, sa soeur aînée et son frère cadet n’ayant pas atteint l’âge de deux mois. Et le père de Julie est décédé deux ans après sa naissance. Seule Philomène, comme on l’a vu plus haut, bat des records de longévité. Un fait suffisamment rare dans cette famille, pour être relevé une 2ème fois !

Aldegrin MAÎTRE, père de Raymond, a eu quant à lui deux frères : l’un est décédé à l’âge de 13 ans. Le deuxième, Joseph Amand, a bien eu une vie jusqu’à 71 ans…. mais pas la meilleure qui soit. En tout cas, il n’a eu aucune descendance connue et, vu la vie qu’il a menée, il n’avait certainement ni l’esprit, ni le goût de s’occuper d’un quelconque neveu -pour autant qu’il en ait connu l’existence. Nous aurons l’occasion de nous attarder dans un prochain article sur ce grand-oncle peu recommandable.

Donc manifestement pas de parents proches pour Raymond. Pourtant, la mémoire familiale retient côté MAÎTRE de source sûre plusieurs “cousins” : les LAFON, les CHARIGNY, Riquet MAÎTRE, Bernard ANTOINE. Mais alors qui sont-ils ? des usurpateurs ? des placebo ? Eh bien non, pas du tout ! ils étaient bel et bien des cousins de Raymond, mais des cousins comme on n’en connait plus, soit : au 2ème ou au 3ème degré. Autrement dit, ils avaient en commun des arrière ou des arrière-arrière-grands-parents (AGP / AGM ; AAGP / AAGM). Encore fallait-il le savoir ! Mais à l’époque, on le savait : chacun avait en effet son arbre généalogique en tête et la mémoire de celui-ci se transmettait de génération en génération.

Ainsi, Raymond connaissait très bien ses cousins issus de germains, ou issus d’issus de germains (sic!) et inversement. Il a notamment entretenu durant toute sa vie des liens étroits avec les descendants de la branche François Auguste MAÎTRE / Jeanne Françoise MAÎTRE avec lesquels il partageait les mêmes AGP/AGM.

On compte parmi ces descendants la cousine Modeste Marie Eugénie Joséphine… dite Monique SIBILLE (1899-1987), qui s’est mariée avec Pierre Marcel LAFON et s’est installée à Paris. Ainsi dénommés “les cousins LAFON” mais sans enfants, ils semblent avoir joué un rôle important dans la vie non seulement de Raymond, mais aussi de son épouse, puis de leurs enfants (en tout cas de celle de Bernard, notre père).

De cette même branche, Raymond avait aussi un cousin au second degré nommé Claude Eugène Marius MAÎTRE (1872-1939), qui épousa une Marie Jeanne REUDET (1878-1939) qui, elle, n’était autre que la soeur du premier mari de notre grand-mère. Le couple MAÎTRE / REUDET a eu 4 enfants, dont 2 sont restés proches de Raymond et de sa famille : il s’agit de Marie Antoinette MAÎTRE (1909-1977) qui a épousé un certain André CHARIGNY (1902-2000), peintre bien connu en Franche-Comté. Et son frère, Henri dit Riquet MAÎTRE qui habitait aussi Besançon (25).

Tout porte à penser qu’il est resté également proche de la famille de son parrain et de sa marraine, les GEILLON (Lucien) de Brainans (39), dont les descendants étaient basés plutôt du côté de Poligny. Lucien GEILLON et Raymond avait un couple d’arrières-grands-parents en commun,

Il y avait aussi Bernard ANTOINE (1905-1972), gendarme, qui était lié à Raymond du 3ème au 4ème degré, ce qui veut dire que bien qu’étant sensiblement du même âge ils avaient une génération de différence. Preuve en est de leur attachement : c’est Bernard ANTOINE de Brainans (39) qui fut parrain du premier enfant de Raymond -notre père- et qui lui donna son prénom ainsi que son “patronyme” en 2ème prénom, soit : Bernard Antoine MAÎTRE.

Cette énumération n’est pas exhaustive et Raymond a certainement bénéficié d’autres soutiens familiaux, notamment lors du décès de son père, puis de son frère, soutiens que je n’ai pour l’instant pas réussi à identifier.

Il n’empêche. à ce stade de mes découvertes et au moment d’en faire la synthèse, je ne peux m’empêcher de m’interroger sur ce qu’aurait été le destin de notre grand-père s’il n’avait pas pu compter sur ces nombreux lointains cousins et cousines. Sans eux, aurait-il eu le courage d’aller de l’avant ? ne se serait-il pas découragé vu les obstacles qui ont jalonné sa route ?

Alors bien sûr, comme on a l’habitude de dire: avec des si on mettrait Paris en bouteille, mais quand même ! Je me dis que cette famille certes lointaine, néanmoins bien identifiée et présente, jouait le rôle d’un 2ème matelas de sécurité en cas de coups durs…. Si ce n’est dans les faits, au moins dans le sentiment que Raymond pouvait éprouver d’être malgré tout entouré et protégé. Ce qui, psychologiquement, on le sait, fait toute la différence.

Autre temps, autres moeurs : aujourd’hui, nous serions bien empruntés si nous devions compter sur des cousins dont nous ne connaissons même plus l’existence. Qui en effet (en dehors de toute démarche généalogique volontaire) est encore capable de citer ses cousins au second ou au troisième degré ? Si l’on maintient encore un lien avec les cousins/cousines directs, il est rare que celui-ci perdure à la génération suivante.

Car la famille aujourd’hui se construit autrement, autour des parents et collatéraux proches, voire de noyaux de familles recomposées, mais aussi autour des amis, des voisins de longue date. Les liens ainsi tissés n’en sont pas moins forts, ni moins solidaires. Et on est entouré d’une pluralité de personnes étrangères à la famille, mais qui sont souvent plus proches que des cousins/cousines.

Alors… est-ce mieux ? est-ce moins bien ? je ne sais pas… et sans doute que cela n’a pas beaucoup d’importance du moment que les relations sont vraies et sincères et qu’elles peuvent être activées en cas de besoin.. Mais je me fais juste la réflexion que contrairement aux liens familiaux, les liens amicaux eux ne se transmettent pas d’une génération à l’autre et qu’ils ne nous ancrent pas non plus dans une histoire et une mémoire communes qui perdurerait au fil du temps…

Et la question que je me pose est la suivante : n’aurions-nous pas perdu là un fil essentiel qui risque de nous faire défaut à un moment ou à un autre ?

MAITRE Raymond né en 1893 à Brainans (39), dcd en 1957, fils de Aldegrin et de MARTINEZ Julie – Conjoint : AYMONIER Rose, 3 enfants (+2 d’un premier mariage de Rose)




La poisse…

Dans l’introduction de cette rubrique, j’ai parlé des petits cailloux que le généalogiste ne manque pas de trouver sur son parcours, comme autant de petits désagréments qui l’enquiquinent mais sans lesquels la généalogie ne serait pas ce qu’elle est.  Car même en présence de ces cailloux, on arrive toujours à avancer d’une manière ou d’une autre en explorant d’autres facettes de la vie de l’ancêtre concerné (militaire, professionnelle, etc.).

En cas de blocage et en ce qui concerne les générations les plus récentes, on fait appel aussi à la mémoire familiale, on se replonge dans les vieux papiers à l’affût du moindre indice qui finit bien par émerger.  Car au fil du temps,  le généalogiste développe une sensibilité accrue aux indices, même –surtout !- les plus insignifiants. Dans l’histoire familiale, il y a souvent des convergences de lieux, de professions,  de personnes qui sont parlantes. On apprend à les repérer, voire même à les pister. Finalement, c’est toujours une affaire de petits cailloux, qui, cette fois, montrent le chemin…

Tout cela pour dire qu’il est rare de rester bloqué sur une même personne très longtemps.

Pourtant, au bout de 7 années de recherches tous azimuts, j’ai l’impression de ne pas avoir beaucoup avancé sur un aïeul qu’il me tient pourtant à cœur de sortir de l’ombre : je veux parler de notre grand-père paternel.

A croire que la malchance nous poursuit même après la mort… Car le moins qu’on puisse dire, c’est que notre grand-père n’a déjà pas eu un début de vie facile. J’aurais l’occasion de détailler ce que j’en connais dans un prochain article mais pour faire bref : né en 1893 et enfant d’une famille nombreuse, Louis Lucien Raymond MAÎTRE a perdu son père, ainsi que ses 7 frères et sœurs, alors qu’il était encore enfant. En 1910, après le décès de son frère aîné, il s’est retrouvé seul  à 17 ans, avec sa mère et sa grand-mère qu’il ne pouvait pas aider aux travaux de la ferme du fait d’un handicap : il est né en effet avec une malformation qui a conduit à l’âge adulte à l’amputation de sa jambe droite. Vous conviendrez qu’on a connu plus joyeux comme début de vie…

Malgré cela,  il a gravi les échelons et il est devenu professeur de lettres anciennes (latin-grec)  à l’Institution Saint-Jean, Square Castan,  à Besançon. Ce qui n’est pas rien pour lui qui venait d’un milieu très modeste, où on était agriculteur de père en fils. Il a épousé celle qui est devenue notre grand-mère et qui, veuve,  était déjà  mère de deux enfants. Ils eurent ensemble 3 garçons, dont notre père… 

Pour des raisons encore floues –mais qui s’éclaircissent au fil de mes recherches -, notre grand-père s’est donné la mort en mars 1957 à une époque où le suicide était encore très mal vu. Suite à cela une sorte de  chape d’oubli a recouvert non seulement sa mort, mais aussi l’ensemble de sa vie.

Le fait de n’avoir plus aucune famille au moment de son mariage (sa mère est décédée alors qu’il avait 27 ans) avait déjà enlevé pas mal d’opportunités de transmission familiale. Même quand les parents sont décédés, la transmission passe en effet parfois par des tantes ou des oncles, des cousins ou cousines, qui là n’existaient pas. Les circonstances de son décès ont fait le reste : aucune information n’est arrivée jusqu’à nous, ses petits-enfants, quant à ses origines, aux évènements qui ont jalonnés sa vie, à sa vie professionnelle, etc. … Comme s’il n’avait existé qu’en pointillé…

Certes, les recherches dans les archives de l’état-civil ont permis de retrouver les dates des principaux évènements et de découvrir l’existence –insoupçonnée- d’une famille nombreuse. On a pu identifier les décès successifs du père,  des 4 frères et des 3 sœurs. Avec les recensements, on arrive à localiser le jeune homme et sa famille à Brainans, puis beaucoup plus tard, seul à Besançon. Le registre matricule de Raymond trouvé dans les archives militaires nous apprend aussi qu’en 1917 il n’était pas encore amputé, mais qu’il a été exempté du fait d’une ankylose complète de la jambe droite

Mais pour moi, ça n’est pas suffisant pour prétendre connaître son aïeul. D’autant que ces quelques résultats entraînent d’autres questions : pourquoi tant de décès dans la même famille ? quelle était l’origine de son handicap ? à quel moment et en quelle occasion a t’il dû se faire amputer ? Dans quel hôpital ? qui a payé ses études ? où est-il allé étudié ? qui était son tuteur ?

Pour effectuer ces recherches, j’ai  déployé les grands moyens et actionné tous les canaux d’informations possibles et imaginables. J’ai consulté ou interrogé   les AD39, les AD25, les archives municipales à Dole et à  Poligny, les archives diocésaines de Besançon, celles de Poligny et enfin la Direction de l’enseignement catholique de Franche-Comté.

Alors oui,  j’ai quand même eu quelques pistes, mais les résultats finaux ne sont en tout cas pas à la hauteur des efforts consentis.  Surtout :  j’ai l’impression que le sort s’acharne sur ce pauvre grand-père déjà malchanceux, en faisant mystérieusement disparaître les archives le concernant. Jugez-en plutôt :

Les listes des élèves de l’école du village (Brainans, dans le Jura) sont introuvables pour les années qui nous intéressent (elles ne sont plus à la mairie, mais pas non plus aux AD39). Rien ne permet donc de confirmer que Raymond MAÎTRE a fréquenté l’école du village. C’est probable mais pas sûr à 100 %.

Concernant sa prise en charge et/ou mise sous tutelle après le décès de son père (Raymond avait alors 8 ans), il existe ce qu’on appelle un conseil de famille établi par le Juge de paix de Poligny qui statue sur ce type de dispositions. J’ai la date et les références de ce document (trouvées dans un acte notarié aux AD39). Malheureusement, on a une lacune chronologique dans les documents de la période concernée, autrement dit : les documents ont été perdus, à moins qu’ils ne soient encore dans un fonds non inventorié des archives communales de Poligny. La demande est en cours mais sans grand espoir qu’elle n’aboutisse.

Pour le collège et le lycée : la mémoire familiale retient que Raymond a fait ses études chez les jésuites. Mais impossible de savoir où exactement : à un moment,  j’avais pensé qu’il avait pu être envoyé au Collège de l’Arc à Dole, car il y a là une maison des orphelins (Raymond ayant perdu son père était considéré comme orphelin). De plus, le collège a été tenu par les jésuites  jusqu’à la moitié du 18ème siècle et  préparait les élèves depuis les petites classes jusqu’au baccalauréat. Raymond aurait pu ainsi y avoir passé toute sa scolarité… Malheureusement, il n’apparait ni sur les listes nominatives des enfants de la maison des orphelins, ni sur les documents liés à l’assistance publique. On peut donc considérer qu’il n’était pas à Dole.

Il m’a été suggéré de regarder du côté de Poligny ; après l’école primaire (vers 12-13 ans), les rares enfants de Brainans qui continuaient leurs études étaient en effet envoyés soit au collège de Poligny soit au Petit Séminaire de Vaux-sur-Poligny.   Les AD39 possèdent peu d’archives du collège (quelques remises de prix et des palmarès) et Raymond n’y est pas mentionné, ce qui ne veut pas dire pour autant qu’il n’y était pas scolarisé.

En ce qui concerne le Petit Séminaire de Vaux-sur-Poligny, l’archiviste du diocèse m’a appris  que les registres se trouvent bien  à Poligny, mais qu’ils n’ont pas encore été inventoriés. Donc non consultables pour le moment… De plus, pour corser un peu plus l’affaire, on m’a fait remarquer que la période où Raymond aurait fréquenté le collège coïncidait avec les persécutions religieuses de 1903-1906 au cours desquelles de nombreuses écoles ont été fermées par le gouvernement (Vaux-sur-Poligny ferme ainsi  en 1907)…

A vrai dire, concernant son parcours scolaire, une seule information intéressante est ressortie de sa fiche matricule (militaire) : Raymond a joué les prolongations à l’école car encore en 1913, soit à l’âge de 20 ans,  il était dit étudiant secondaire domicilié à Brainans.

A l’Université, les choses s’éclairent un peu (côté archives, je veux dire) : les AD25 nous apprennent qu’il s’est inscrit tardivement en licence de philosophie (immatriculation en juin 1922), puis en licence d’histoire (ancienne), qu’il obtient en 1926. Mais aucun dossier d’étudiant le concernant n’est retrouvé. Impossible donc de savoir de quelle école il venait.

Côté professionnel, c’est pour l’instant l’impasse : en principe, les enseignants ont tous un dossier de carrière qui contiennent des informations sur leur parcours scolaire et leur vie familiale. Or, dans notre affaire,  impossible de mettre la main dessus : les AD25 ne conservent que les dossiers des enseignants du public ;  les Archives du diocèse de Besançon n’ont rien sur le personnel de l’institution St-Jean ; la Direction de l’enseignement catholique de Franche-Comté non plus. Bref… on ne sait pas où sont passées ces archives et à vrai dire, je crois que cela ne pose de problèmes à personne, sauf à moi-même.

Voilà donc où on en est… je ne désespère pas un jour de tirer un fil, LE fil,  qui me permettra de remonter la pelote mais pour l’instant, à  chaque coup d’essai, il me vient plutôt l’image du savon qu’on croit saisir et qui toujours nous échappe…

MAÎTRE Louis Lucien Raymond (GP), né en 1893 à Brainans (39), dcd en 1957, fils de Aldegrin Jean Marie (AGPP) et de MARTINEZ Julie Françoise  (AGMP) – conjoint : AYMONIER Marie Rose Joséphine, 3 enfants

Voir aussi la photothèque – galerie de portraits




Recherches croisées franco-genevoises – Astuces

Pour mener au mieux des recherches de ce type et ne pas risquer de passer à côté d’informations importantes, voici une petite astuce : que ce soit pour les AEG ou les Archives départementales 73 ou 74, taper le nom de la commune recherchée en texte libre dans le formulaire de la base de données. Vous aurez ainsi connaissance de tous les fonds conservés concernant cette commune. Il peut être aussi judicieux d’interroger par patronymes car on peut parfois trouver des fonds d’archives privées ou des pièces d’archives isolées.

AEG : base de données ADHEMAR

Saisir le nom de la commune (ou le patronyme) dans la zone « Recherche par thème » dans Adhémar.

Archives départementales 74

Faire une recherche dans l’inventaire en tapant dans le formulaire des AD74  le nom de la commune recherchée (ou le patronyme). Le chemin d’accès au formulaire de recherche dans les inventaires est le suivant : Rechercher des documents > consulter les inventaires > Recherche simple




Recherches croisées franco-genevoises – Synthèse

Archives départementales de Haute-Savoie (74)

Archives départementales de Savoie (73)

Archives de l’Etat de Genève (AEG)

L’Association Savoie Paris CGS-PRP a aussi édité un guide très utile, comportant (à partir de la page 59) une liste des communes haut-savoyardes avec pour chacune d’elles les sources d’archives adaptées au lieu et à la période considérée, avec les cotes correspondantes (AD 73 ou AD 74), ainsi que le bureau de rattachement pour les recherches dans le tabellion.

Synthèse des sources


DépôtObjetDescriptionSérie / cote et accès
AD 74Comptes de châtellenies(1309-1586) - Comptes relevant des comtes de Genève (1325-1417, puis des ducs de Genevois-Nemours (début 16e siècle) - archives caméralesSérie SA
AD 74Diocèse de Genève(16ème-18ème s.) - Administration de l’évêché et l’histoire ecclésiastique de Genève - pièces isolées d'origine privéeSérie 1J
AD 74Capitation espagnole (1743-1749)- Rôle de la capitation pour les communes du Faucigny (selon délimitations de l’époque)
non numérisées - archives anciennes
Série 4C
Archives anciennes > Fonds de l’intendance du Faucigny > Série 4 C
AD 74Etat-civil de communes suisses (qui furent savoyardes)(1774-1780, sauf mention contraire)
Hermance (1662-1815), Présinge (1742-1795), Onex, Meinier, Lancy, Colligny (1773-1777), Confignon, Compesières, Collonge-Bellerive, Choulex, Chêne-Thonex, Bernex, Avusy, Aire-la-Ville, Carouge (1780)
Série 4E
AD 74Enregistrement( 1792-1817)- Fonds du bureau de l’enregistrement de Carouge (ancienne capitale sarde)série 3Q
cote 3 Q 3857-3950
AD 74Tabellion d’Ancien Régime(jusqu'en 1798) - Fonds du tabellion d’Ancien Régime du Bureau de Douvaine (dont communes suisses dépendant de Douvaine)série 6C
AD 74Hypothèques(1812) - Fonds de la conservation des hypothèques de Genève-Carougesérie 4Q
AD 74Tabellion sarde(1814-1861) - Fonds du tabellion sarde (dont communes suisses)cote 8 FS 1
AD 74Hypothèques sardes(1823-1955) - Fonds de la Conservation des hypothèques sardes de Carouge (dont communes suisses)cote 8 FS 2
AEGFiefs de la seigneurie(1200-1798) - Reconnaissances de fiefs (dont territoire frontalier) - Voir aussi l’inventaire du fonds car certains documents ne sont pas numériséscotes : Titres et droits
Documents numérisés > Titres et droits
AEGFiches des baptêmes des communes réunies (1599-1798) - Fiches des baptêmes des communes réunies servant de répertoirecotes : E.C. rép. 1.87.1 à 1.87.8
Documents numérisés > Répertoire de l’état-civil
AEGTabellion de Saint-Julien et Carouge( 1697-1793) - Registres du tabellion de Saint-Julien et Carouge : 7 volumes, par ordre alphabétique de patronymes – contient les actes insinués par les notaires de quelques paroisses françaises frontalièresCotes : Archives A 105.1 à A 105.7
Documents numérisés > Inventaire
AEGTabellion de Saint-Julien (juillet 1777 à juin 1778) - Registre des actes de notaires insinués au tabellion de Saint-Julien (dont communes françaises) : 2 volumesCotes : Tabellion 109 et Tabellion 110
Documents numérisés > Notaires et tabellions 
AEGArchives du Département du Léman (1798-1814) - Fonds Archives du Département du Léman couvrant la période où Genève en fut le chef-lieu, non numérisé. Contient 58 séries - Voir contenu dans le plan de classement. cotes : ADL
AD 73Comptes de châtellenies(1401-1417) - Comptes des châtellenies relevant des comtes puis ducs de Savoie, y compris ceux du comté de Genève de 1401 à 1417 (période où le comte de Savoie est en possession du Genevois). Accès aux comptes numérisés grâce à un index des châtellenies
AD 73Gabelle du sel et don gratuit(1561-1564) - Dénombrements de la population en lien avec la gabelle du sel et le don gratuit – Pour les bailliages de Gex, Ternier-Gaillard et Chablais. Le rôle de Gex de 1576 est aux AD de Côte d’Or. On trouve aussi les dénombrements des anciennes communes réunies du Canton de Genèvehttp://archives-en-ligne.savoie.fr/dossiers_sabaudia/don-gratuit/scientifique3.php
AD 73Capitation espagnole (1743-1749) - Rôles de la capitation pour les communes qui faisaient partie de la Savoie - archives anciennes – pas de documents numérisés mais plusieurs inventaires ont été établis Série C (5008-5036)
Index des noms de lieux, personnes et matières : ici
AD 73Judicature-mage de Carouge, de Ternier-Gaillard, du Genevois, de Chablais, de Faucigny(1424-1792) - Procédures criminelles et civiles, appels et directes relevant de différentes judicatures-mages de Savoie dont Carouge, Ternier-Gaillard et Genevois (fin 18ème) Série 2B
Inventaire détaillé : ici

n.b. ce tableau n’est pas exhaustif. Il comporte peut être aussi des erreurs ou des imprécisions. Il s’agit d’un travail “in progress”, Les potentialités d’amélioration sont donc importantes…




Recherches croisées franco-genevoises – Partie IV

Ce sujet (recherches franco-genevoises croisées) est divisé en plusieurs parties : 4 articles sont consacrés à la contextualisation, traitant chacun d’une période-clé de l’histoire locale. On trouvera néanmoins  à la fin de l’article, une rapide évocation des sources généalogiques relatives à la période donnée. Le dernier article (partie V) est un récapitulatif -sous forme de tableau- des différentes sources pouvant être utiles dans le cadre de recherches croisées Savoie/Canton de Genève.

La Province de Carouge avec et sans Carouge (1780-1837)

La province de Carouge est l’une des circonscriptions du duché de Savoie. Elle a été constituée par les autorités sardes — Victor-Amédée II de Savoie —afin de concurrencer l’essor de la ville de Genève, en 1780. Carouge devient le siège d’une intendance et le siège d’un juge-mage, transféré depuis Saint-Julien-en-Genevois.

Lors de l’annexion du duché de Savoie par la Convention nationale en 1792, la province de Carouge intègre le nouveau département du Mont-Blanc et est réorganisée en district de Carouge, composée de 8 cantons. En 1798, l’ensemble du territoire est attaché au nouveau département du Léman, dont Genève devient le chef-lieu.


RégionsCommunes
Chablais savoyard Veigy, Vinzier
GenevoisAndilly, Arcine, Bassy et Verrens, Bans, Cercier, Cernex, Challonges, Chaumont, Chavannaz, Chêne, Chessenaz, Chevrier-en-Vuache, Clarafond, Contamine, Copponex, Cruseilles, Dingy-en-Vuache, Eloise, Epagny-de-Chaumont, Etrembières, Franclens, Frangy, Jonzier, Marlioz, Minzier, Monnetier-Mornex, Musiège, Présilly, Saint-Blaise, Saint-Germain, Saint-Jean-de-Chaumont, Sallenove, Savigny, Usinens, Vanzy, Vovray et Vulbens
FaucignyAnnemasse, Monthoux et Vétraz

En mars 1816, la commune de Carouge est rattachée à Genève et à la Confédération lors du Traité de Turin. Elle ne fait donc plus partie de la Province de Carouge, mais l’appellation reste et Saint-Julien devient le chef-lieu de la Province de Carouge… De plus, 23 communes qui faisaient partie de la Savoie deviennent suisses. Il s’agit de : Onex, Confignon, Aire-la-Ville, Avusy, Laconnex, Soral, Bardonnex, Plan-les-Ouates, Carouge, Veyrier, Troinex, Lancy, Bernex, Chêne-Bourg et Thônex (ex nord-Genevois), ainsi que Présinge, Puplinge, Meinier, Choulex, Corsier, Anières, Collonge-Bellerive et Hermance (ex-bas-Chablais).


MandementsDate de rattachementCommunes
Reignier 1816-1837Arbusigny, Ésery, Esserts, Monnetier-Mornex, La Muraz, Pers-Jussy, Reignier, Saint-Romain, Le Sappey, Scientrier (+) Fillinges en 1818
Saint-Julien1816-1837Andilly, Beaumont, Bossey (et une portion de Veyrier), Cernex, Chaumont, Chavannaz, Chênex, Chevrier, Collonges-Archamps, Contamine-en-Genevois, Copponex, Cruseilles, Dingy-en-Vuache, Épagny, Feigères, Frangy, Jonzier, Marlioz, Minzier, Musièges, Neydens, Présilly, Saint-Blaise, Saint-Julien, Savigny, Thairy, Valleiry, Vers, Viry, Vulbens (-) Collonges-Archamps en 1818
Annemasse1816-1837Ambilly, Annemasse, Arthaz-Pont-Notre-Dame, Bonne, Cranves-Sales, Fillinges*, Juvigny, Loëx, Lucinges, Étrembières, Gaillard, Machilly, Marcellaz*, Nangy*, Saint-Cergues, Vétraz-Monthoux, Veigy-Foncenex, Ville-la-Grand
(-) Fillinges, Marcellaz et Nangy en 1818 (+) Collonges-Archamps en 1818
Seyssel1818-1837Arcine, Bassy, Challonges, Chêne-en-Semine, Chessenaz, Chilly, Clarafond, Clermont, Desingy, Droisy, Éloise, Franclens, Menthonnex-sous-Clermont, Saint-Germain, Seyssel, Usinens, Vanzy

La Province de Carouge est supprimée en 1837 et partagée entre les provinces du Genevois et du Faucigny

Survol des ressources généalogiques

Aux Archives d’Etat de Genève (AEG), on trouve les registres du tabellion de Saint-Julien et Carouge pour la période 1697-1793 avec les actes insinués de communes françaises frontalières, ainsi qu’un Fonds des Archives du Département du Léman couvrant la période 1798-1814.

Les AD 74 conservent l’état-civil de certaines communes suisses pour la période 1774-1780, un Fonds de la Conservation des hypothèques sardes de Carouge (1823-1955), et un fonds du bureau de l’enregistrement de Carouge (1792-1817)

Aux AD 73, on peut trouver les  procédures criminelles et civiles, appels et directes, relevant de la judicature-mage de Carouge, de celle de Ternier-Gaillard ou de celle du Genevois (fin 18ème)

Sources bibliographiques (contexte historique)

Wikipedia (Etats de Savoie, Comté de Genève, Diocèse de Genève, bailliage de Ternier, Province de Carouge) / Dictionnaire Historique de la Suisse / Sources du site généalogique de la famille Mégard, notamment sur le bailliage de Ternier.




Recherches croisées franco-genevoises – Partie III

Ce sujet (recherches franco-genevoises croisées) est divisé en plusieurs parties : 4 articles sont consacrés à la contextualisation, traitant chacun d’une période-clé de l’histoire locale. On trouvera néanmoins  à la fin de l’article, une rapide évocation des sources généalogiques relatives à la période donnée. Le dernier article (partie V) est un récapitulatif -sous forme de tableau- des différentes sources pouvant être utiles dans le cadre de recherches croisées Savoie/Canton de Genève.

L’occupation espagnole et son système de capitation (1742-1749)

Suite à l’alliance entre le Roi Charles Emmanuel III et l’impératrice Marie Thérèse d’Autriche, la Savoie sera occupée par les troupes espagnoles, qui s’en serviront de base de ravitaillement et de zone de repos.
Les occupants vont avec rigueur et méthode taxer lourdement tous les foyers en plus de la taille habituelle. Les réquisitions seront également nombreuses pour subvenir aux besoins des troupes : logement, nourriture, main d’œuvre, chevaux, paille et fourrage…

La capitation (impôt par tête) est aussi mise en œuvre. Cela implique de dénombrer avec exactitude la population par paroisse, village, feu (foyer) et  tête. Sont répertoriées toutes les couches de la société : les nobles, les notables, le clergé, les artisans, les commerçants, les paysans (laboureurs), les absents, les mendiants et les pauvres. Ce recensement, bien qu’établi de manière non uniforme, est une source précieuse pour les généalogistes qui s’intéressent à cette période.

L’occupation espagnole prendra fin en 1748, date à laquelle, par le Traité d’Aix-La-Chapelle, le Roi Charles Emmanuel III recouvrera la totalité de ses Provinces.

Survol des sources généalogiques

Les rôles de la capitation pour les communes qui faisaient partie de la Savoie se trouvent principalement dans les archives anciennes des AD73, en série C. Les documents ne sont pas numérisés mais plusieurs inventaires ont été établis.

Pour les communes du Faucigny (selon délimitations de l’époque), il faudra se tourner vers les AD 74, en série 4C. Documents non numérisés.

Sources bibliographiques (contexte historique)

Wikipedia (Etats de Savoie, Comté de Genève, Diocèse de Genève, bailliage de Ternier, Province de Carouge) / Dictionnaire Historique de la Suisse / Sources du site généalogique de la famille Mégard, notamment sur le bailliage de Ternier.