Un ancêtre encombrant

Joseph Amand MAÎTRE nait le 18 octobre 1840 à Brainans (39). C’est le fils aîné de la famille MAÎTRE Félix-SANTONNAS Clarisse, Deux frères lui succéderont, l’un décède à l’âge de 13 ans et l’autre, Aldegrin, deviendra plus tard le père de notre grand-père paternel. On peut imaginer -sans avoir pu encore le vérifier- que Joseph Amand a effectué son service militaire (d’une durée de 7 ans à l’époque) car c’est seulement en 1868 qu’il se marie avec Ernestine VALDOIS, une jeune fille originaire d’un village proche de Brainans (39). Elle n’a que 19 ans quand elle se marie, ce qui signifie qu’elle a dû obtenir l’autorisation de ses parents pour le faire, car la majorité matrimoniale était de 21 ans pour les filles. Elle exerce le métier de couturière.

Le couple “monte” vraisemblablement très vite à Paris pour trouver du travail comme le font beaucoup de jeunes jurassiens qui fuient la misère. Joseph est peintre en bâtiment. Il a peut être un penchant marqué pour l’alcool, ce qui peut le rendre violent… C’est en tout cas mon hypothèse. Toujours est-il qu’en ce lundi 18 février 1889 on le retrouve au Tribunal de Paris pour s’entendre signifier un jugement sans appel : le divorce prononcé à ses torts à la requête d’Ernestine pour le motif suivant : s’est livré sur sa femme à des voies de fait et à des mauvais traitements qui constituent des sévices graves. (source : Acte de divorce reporté le 30 juillet 1889 sur les registres d’état-civil de Montholier). Aïe., voilà qui fait mal… non seulement à sa femme, mais aussi à nous, les descendants… Nous voilà affublés à présent d’un grand-oncle violent et qui pour le coup ne fait pas honneur à son patronyme : chez les Maître, en effet on se maîtrise… Pour cela, nous pourrions l’oublier aussi vite que nous l’avons exhumé du passé… mais c’est sans compter sur le fait que lui aussi fait partie de notre famille, qu’on le veuille ou non. Et surtout qu’il fait partie d’une époque où ce que nous jugeons intolérable aujourd’hui était encore timidement sanctionné… Profitons-en pour faire un petit retour en arrière.

Histoire du divorce (voir l’original ici)
Infographie créée à partir des outils du génial site Canva

En 1889, cela fait seulement 5 ans que le droit au divorce a été rétabli, après une période de 68 ans pendant laquelle il était tout bonnement interdit. C’est en 1884 que la Loi Naquet réintroduit le divorce dans le Code Civil, mais elle le conditionne encore à la notion de faute, celle-ci pouvant être constituée par l’adultère, par la condamnation d’un des époux à une peine afflictive et infamante ou par des excès, sévices et injures graves. Encore fallait-il en fournir la preuve…

J’ignore quelle preuve Ernestine a dû apporter pour que sa demande soit prise en compte, et combien de fois elle a dû se présenter devant les représentants de la loi pour ce faire, mais ce qui est sûr c’est que 16 longs mois se sont écoulés entre la demande initiale d’Ernestine (12/10/1887) et le jugement. Cela laisse le temps de recevoir encore pas mal de coups…

Après le jugement, Ernestine repart sans doute dans le Jura où elle épousera en 1890 un jeune homme du pays. Joseph Amand quant à lui reste à Paris. Il est très difficile de retracer le parcours de Joseph après son divorce. On sait qu’il habite passage Brunoy 24, qui est une rue très mal famée, théâtre de nombreux crimes et délits, et qu’il se remarie le 11 novembre 1889 -il ne perd pas de temps!- avec une certaine Elisabeth COUMEIG qui est journalière et vient des Pyrénées-Atlantiques. L’histoire ne dit pas s’il bat sa nouvelle femme… Toujours est-il qu’ils restent ensemble jusqu’au décès d’Elisabeth en 1909, On perd ensuite la trace de Joseph Amand jusqu’à son propre décès le 23 janvier 1912, à l’âge de 71 ans, au 45 rue Gide à Levallois-Perret. Manifestement, cette adresse correspond à un ancien hospice pour personnes âgées et infirmes. Ceux qui viennent déclarer son décès sont de simples voisins. On peut donc imaginer que Joseph est mort comme il avait vécu : seul, sans famille et loin de son pays natal…

MAITRE Joseph Amand né en 1840 à Brainans (39), dcd en 1912, fils de Félix et de SANTONNAS Clarisse) – conjoint : VALDOIS Ernestine, puis COUMEIG Elisabeth, pas d’enfants




Liens familiaux d’hier et d’aujourd’hui

Nous avons parlé du début de vie pas très engageant qu’a connu notre grand-père, Raymond MAÎTRE. Petit rappel des faits : son père décède alors qu’il n’a que 9 ans. Il perd également un à un tous ses frères et soeurs (au nombre de 7). Quand son dernier frère aîné meurt -vraisemblablement de tuberculose-, Raymond n’a que 17 ans.. Il est censé reprendre le rôle d’homme de la famille auprès de sa mère et de sa grand-mère… sauf qu’il est lourdement handicapé. En mars 1921, alors qu’il s’apprête à 28 ans à s’inscrire à la Faculté des Lettres de Besançon, sa grand-mère maternelle, Philomène MAÎTRE, s’éteint à l’âge de 82 ans, très vite suivie par sa fille, Julie MARTINEZ -la mère de Raymond- le 24 décembre 1921. Drôle de cadeau de Noël pour notre jeune ancêtre qui cette fois se retrouve vraiment “seul, sans personne au monde… pour la vie… esseulé seul et solitaire”… ce qui, vous en conviendrez, fait “beaucoup de solitude”.

En général, dans ces moments-là il y a toujours une tante, un oncle, des cousins, de la famille proche sur laquelle on peut s’appuyer. Sauf que Raymond n’a ni cousins, ni oncles, ni tantes encore vivants… Vous y croyez vous à une telle poisse ?

En effet, du côté de sa maman, Julie MARTINEZ, c’est vite plié : elle est la seule survivante de sa génération, sa soeur aînée et son frère cadet n’ayant pas atteint l’âge de deux mois. Et le père de Julie est décédé deux ans après sa naissance. Seule Philomène, comme on l’a vu plus haut, bat des records de longévité. Un fait suffisamment rare dans cette famille, pour être relevé une 2ème fois !

Aldegrin MAÎTRE, père de Raymond, a eu quant à lui deux frères : l’un est décédé à l’âge de 13 ans. Le deuxième, Joseph Amand, a bien eu une vie jusqu’à 71 ans…. mais pas la meilleure qui soit. En tout cas, il n’a eu aucune descendance connue et, vu la vie qu’il a menée, il n’avait certainement ni l’esprit, ni le goût de s’occuper d’un quelconque neveu -pour autant qu’il en ait connu l’existence. Nous aurons l’occasion de nous attarder dans un prochain article sur ce grand-oncle peu recommandable.

Donc manifestement pas de parents proches pour Raymond. Pourtant, la mémoire familiale retient côté MAÎTRE de source sûre plusieurs “cousins” : les LAFON, les CHARIGNY, Riquet MAÎTRE, Bernard ANTOINE. Mais alors qui sont-ils ? des usurpateurs ? des placebo ? Eh bien non, pas du tout ! ils étaient bel et bien des cousins de Raymond, mais des cousins comme on n’en connait plus, soit : au 2ème ou au 3ème degré. Autrement dit, ils avaient en commun des arrière ou des arrière-arrière-grands-parents (AGP / AGM ; AAGP / AAGM). Encore fallait-il le savoir ! Mais à l’époque, on le savait : chacun avait en effet son arbre généalogique en tête et la mémoire de celui-ci se transmettait de génération en génération.

Ainsi, Raymond connaissait très bien ses cousins issus de germains, ou issus d’issus de germains (sic!) et inversement. Il a notamment entretenu durant toute sa vie des liens étroits avec les descendants de la branche François Auguste MAÎTRE / Jeanne Françoise MAÎTRE avec lesquels il partageait les mêmes AGP/AGM.

On compte parmi ces descendants la cousine Modeste Marie Eugénie Joséphine… dite Monique SIBILLE (1899-1987), qui s’est mariée avec Pierre Marcel LAFON et s’est installée à Paris. Ainsi dénommés “les cousins LAFON” mais sans enfants, ils semblent avoir joué un rôle important dans la vie non seulement de Raymond, mais aussi de son épouse, puis de leurs enfants (en tout cas de celle de Bernard, notre père).

De cette même branche, Raymond avait aussi un cousin au second degré nommé Claude Eugène Marius MAÎTRE (1872-1939), qui épousa une Marie Jeanne REUDET (1878-1939) qui, elle, n’était autre que la soeur du premier mari de notre grand-mère. Le couple MAÎTRE / REUDET a eu 4 enfants, dont 2 sont restés proches de Raymond et de sa famille : il s’agit de Marie Antoinette MAÎTRE (1909-1977) qui a épousé un certain André CHARIGNY (1902-2000), peintre bien connu en Franche-Comté. Et son frère, Henri dit Riquet MAÎTRE qui habitait aussi Besançon (25).

Tout porte à penser qu’il est resté également proche de la famille de son parrain et de sa marraine, les GEILLON (Lucien) de Brainans (39), dont les descendants étaient basés plutôt du côté de Poligny. Lucien GEILLON et Raymond avait un couple d’arrières-grands-parents en commun,

Il y avait aussi Bernard ANTOINE (1905-1972), gendarme, qui était lié à Raymond du 3ème au 4ème degré, ce qui veut dire que bien qu’étant sensiblement du même âge ils avaient une génération de différence. Preuve en est de leur attachement : c’est Bernard ANTOINE de Brainans (39) qui fut parrain du premier enfant de Raymond -notre père- et qui lui donna son prénom ainsi que son “patronyme” en 2ème prénom, soit : Bernard Antoine MAÎTRE.

Cette énumération n’est pas exhaustive et Raymond a certainement bénéficié d’autres soutiens familiaux, notamment lors du décès de son père, puis de son frère, soutiens que je n’ai pour l’instant pas réussi à identifier.

Il n’empêche. à ce stade de mes découvertes et au moment d’en faire la synthèse, je ne peux m’empêcher de m’interroger sur ce qu’aurait été le destin de notre grand-père s’il n’avait pas pu compter sur ces nombreux lointains cousins et cousines. Sans eux, aurait-il eu le courage d’aller de l’avant ? ne se serait-il pas découragé vu les obstacles qui ont jalonné sa route ?

Alors bien sûr, comme on a l’habitude de dire: avec des si on mettrait Paris en bouteille, mais quand même ! Je me dis que cette famille certes lointaine, néanmoins bien identifiée et présente, jouait le rôle d’un 2ème matelas de sécurité en cas de coups durs…. Si ce n’est dans les faits, au moins dans le sentiment que Raymond pouvait éprouver d’être malgré tout entouré et protégé. Ce qui, psychologiquement, on le sait, fait toute la différence.

Autre temps, autres moeurs : aujourd’hui, nous serions bien empruntés si nous devions compter sur des cousins dont nous ne connaissons même plus l’existence. Qui en effet (en dehors de toute démarche généalogique volontaire) est encore capable de citer ses cousins au second ou au troisième degré ? Si l’on maintient encore un lien avec les cousins/cousines directs, il est rare que celui-ci perdure à la génération suivante.

Car la famille aujourd’hui se construit autrement, autour des parents et collatéraux proches, voire de noyaux de familles recomposées, mais aussi autour des amis, des voisins de longue date. Les liens ainsi tissés n’en sont pas moins forts, ni moins solidaires. Et on est entouré d’une pluralité de personnes étrangères à la famille, mais qui sont souvent plus proches que des cousins/cousines.

Alors… est-ce mieux ? est-ce moins bien ? je ne sais pas… et sans doute que cela n’a pas beaucoup d’importance du moment que les relations sont vraies et sincères et qu’elles peuvent être activées en cas de besoin.. Mais je me fais juste la réflexion que contrairement aux liens familiaux, les liens amicaux eux ne se transmettent pas d’une génération à l’autre et qu’ils ne nous ancrent pas non plus dans une histoire et une mémoire communes qui perdurerait au fil du temps…

Et la question que je me pose est la suivante : n’aurions-nous pas perdu là un fil essentiel qui risque de nous faire défaut à un moment ou à un autre ?

MAITRE Raymond né en 1893 à Brainans (39), dcd en 1957, fils de Aldegrin et de MARTINEZ Julie – Conjoint : AYMONIER Rose, 3 enfants (+2 d’un premier mariage de Rose)




La poisse…

Dans l’introduction de cette rubrique, j’ai parlé des petits cailloux que le généalogiste ne manque pas de trouver sur son parcours, comme autant de petits désagréments qui l’enquiquinent mais sans lesquels la généalogie ne serait pas ce qu’elle est.  Car même en présence de ces cailloux, on arrive toujours à avancer d’une manière ou d’une autre en explorant d’autres facettes de la vie de l’ancêtre concerné (militaire, professionnelle, etc.).

En cas de blocage et en ce qui concerne les générations les plus récentes, on fait appel aussi à la mémoire familiale, on se replonge dans les vieux papiers à l’affût du moindre indice qui finit bien par émerger.  Car au fil du temps,  le généalogiste développe une sensibilité accrue aux indices, même –surtout !- les plus insignifiants. Dans l’histoire familiale, il y a souvent des convergences de lieux, de professions,  de personnes qui sont parlantes. On apprend à les repérer, voire même à les pister. Finalement, c’est toujours une affaire de petits cailloux, qui, cette fois, montrent le chemin…

Tout cela pour dire qu’il est rare de rester bloqué sur une même personne très longtemps.

Pourtant, au bout de 7 années de recherches tous azimuts, j’ai l’impression de ne pas avoir beaucoup avancé sur un aïeul qu’il me tient pourtant à cœur de sortir de l’ombre : je veux parler de notre grand-père paternel.

A croire que la malchance nous poursuit même après la mort… Car le moins qu’on puisse dire, c’est que notre grand-père n’a déjà pas eu un début de vie facile. J’aurais l’occasion de détailler ce que j’en connais dans un prochain article mais pour faire bref : né en 1893 et enfant d’une famille nombreuse, Louis Lucien Raymond MAÎTRE a perdu son père, ainsi que ses 7 frères et sœurs, alors qu’il était encore enfant. En 1910, après le décès de son frère aîné, il s’est retrouvé seul  à 17 ans, avec sa mère et sa grand-mère qu’il ne pouvait pas aider aux travaux de la ferme du fait d’un handicap : il est né en effet avec une malformation qui a conduit à l’âge adulte à l’amputation de sa jambe droite. Vous conviendrez qu’on a connu plus joyeux comme début de vie…

Malgré cela,  il a gravi les échelons et il est devenu professeur de lettres anciennes (latin-grec)  à l’Institution Saint-Jean, Square Castan,  à Besançon. Ce qui n’est pas rien pour lui qui venait d’un milieu très modeste, où on était agriculteur de père en fils. Il a épousé celle qui est devenue notre grand-mère et qui, veuve,  était déjà  mère de deux enfants. Ils eurent ensemble 3 garçons, dont notre père… 

Pour des raisons encore floues –mais qui s’éclaircissent au fil de mes recherches -, notre grand-père s’est donné la mort en mars 1957 à une époque où le suicide était encore très mal vu. Suite à cela une sorte de  chape d’oubli a recouvert non seulement sa mort, mais aussi l’ensemble de sa vie.

Le fait de n’avoir plus aucune famille au moment de son mariage (sa mère est décédée alors qu’il avait 27 ans) avait déjà enlevé pas mal d’opportunités de transmission familiale. Même quand les parents sont décédés, la transmission passe en effet parfois par des tantes ou des oncles, des cousins ou cousines, qui là n’existaient pas. Les circonstances de son décès ont fait le reste : aucune information n’est arrivée jusqu’à nous, ses petits-enfants, quant à ses origines, aux évènements qui ont jalonnés sa vie, à sa vie professionnelle, etc. … Comme s’il n’avait existé qu’en pointillé…

Certes, les recherches dans les archives de l’état-civil ont permis de retrouver les dates des principaux évènements et de découvrir l’existence –insoupçonnée- d’une famille nombreuse. On a pu identifier les décès successifs du père,  des 4 frères et des 3 sœurs. Avec les recensements, on arrive à localiser le jeune homme et sa famille à Brainans, puis beaucoup plus tard, seul à Besançon. Le registre matricule de Raymond trouvé dans les archives militaires nous apprend aussi qu’en 1917 il n’était pas encore amputé, mais qu’il a été exempté du fait d’une ankylose complète de la jambe droite

Mais pour moi, ça n’est pas suffisant pour prétendre connaître son aïeul. D’autant que ces quelques résultats entraînent d’autres questions : pourquoi tant de décès dans la même famille ? quelle était l’origine de son handicap ? à quel moment et en quelle occasion a t’il dû se faire amputer ? Dans quel hôpital ? qui a payé ses études ? où est-il allé étudier ? qui était son tuteur ?

Pour effectuer ces recherches, j’ai  déployé les grands moyens et actionné tous les canaux d’informations possibles et imaginables. J’ai consulté ou interrogé   les AD39, les AD25, les archives municipales à Dole et à  Poligny, les archives diocésaines de Besançon, celles de Poligny et enfin la Direction de l’enseignement catholique de Franche-Comté.

Alors oui,  j’ai quand même eu quelques pistes, mais les résultats finaux ne sont en tout cas pas à la hauteur des efforts consentis.  Surtout :  j’ai l’impression que le sort s’acharne sur ce pauvre grand-père déjà malchanceux, en faisant mystérieusement disparaître les archives le concernant. Jugez-en plutôt :

Les listes des élèves de l’école du village (Brainans, dans le Jura) sont introuvables pour les années qui nous intéressent (elles ne sont plus à la mairie, mais pas non plus aux AD39). Rien ne permet donc de confirmer que Raymond MAÎTRE a fréquenté l’école du village. C’est probable mais pas sûr à 100 %.

Concernant sa prise en charge et/ou mise sous tutelle après le décès de son père (Raymond avait alors 8 ans), il existe ce qu’on appelle un conseil de famille établi par le Juge de paix de Poligny qui statue sur ce type de dispositions. J’ai la date et les références de ce document (trouvées dans un acte notarié aux AD39). Malheureusement, on a une lacune chronologique dans les documents de la période concernée, autrement dit : les documents ont été perdus, à moins qu’ils ne soient encore dans un fonds non inventorié des archives communales de Poligny. La demande est en cours mais sans grand espoir qu’elle n’aboutisse.

Pour le collège et le lycée : la mémoire familiale retient que Raymond a fait ses études chez les jésuites. Mais impossible de savoir où exactement : à un moment,  j’avais pensé qu’il avait pu être envoyé au Collège de l’Arc à Dole, car il y a là une maison des orphelins (Raymond ayant perdu son père était considéré comme orphelin). De plus, le collège a été tenu par les jésuites  jusqu’à la moitié du 18ème siècle et  préparait les élèves depuis les petites classes jusqu’au baccalauréat. Raymond aurait pu ainsi y avoir passé toute sa scolarité… Malheureusement, il n’apparait ni sur les listes nominatives des enfants de la maison des orphelins, ni sur les documents liés à l’assistance publique. On peut donc considérer qu’il n’était pas à Dole.

Il m’a été suggéré de regarder du côté de Poligny ; après l’école primaire (vers 12-13 ans), les rares enfants de Brainans qui continuaient leurs études étaient en effet envoyés soit au collège de Poligny soit au Petit Séminaire de Vaux-sur-Poligny.   Les AD39 possèdent peu d’archives du collège (quelques remises de prix et des palmarès) et Raymond n’y est pas mentionné, ce qui ne veut pas dire pour autant qu’il n’y était pas scolarisé.

En ce qui concerne le Petit Séminaire de Vaux-sur-Poligny, l’archiviste du diocèse m’a appris  que les registres se trouvent bien  à Poligny, mais qu’ils n’ont pas encore été inventoriés. Donc non consultables pour le moment… De plus, pour corser un peu plus l’affaire, on m’a fait remarquer que la période où Raymond aurait fréquenté le collège coïncidait avec les persécutions religieuses de 1903-1906 au cours desquelles de nombreuses écoles ont été fermées par le gouvernement (Vaux-sur-Poligny ferme ainsi  en 1907)…

A vrai dire, concernant son parcours scolaire, une seule information intéressante est ressortie de sa fiche matricule (militaire) : Raymond a joué les prolongations à l’école car encore en 1913, soit à l’âge de 20 ans,  il était dit étudiant secondaire domicilié à Brainans.

A l’Université, les choses s’éclairent un peu (côté archives, je veux dire) : les AD25 nous apprennent qu’il s’est inscrit tardivement en licence de philosophie (immatriculation en juin 1922), puis en licence d’histoire (ancienne), qu’il obtient en 1926. Mais aucun dossier d’étudiant le concernant n’est retrouvé. Impossible donc de savoir de quelle école il venait.

Côté professionnel, c’est pour l’instant l’impasse : en principe, les enseignants ont tous un dossier de carrière qui contiennent des informations sur leur parcours scolaire et leur vie familiale. Or, dans notre affaire,  impossible de mettre la main dessus : les AD25 ne conservent que les dossiers des enseignants du public ;  les Archives du diocèse de Besançon n’ont rien sur le personnel de l’institution St-Jean ; la Direction de l’enseignement catholique de Franche-Comté non plus. Bref… on ne sait pas où sont passées ces archives et à vrai dire, je crois que cela ne pose de problèmes à personne, sauf à moi-même.

Voilà donc où on en est… je ne désespère pas un jour de tirer un fil, LE fil,  qui me permettra de remonter la pelote mais pour l’instant, à  chaque coup d’essai, il me vient plutôt l’image du savon qu’on croit saisir et qui toujours nous échappe…

MAÎTRE Louis Lucien Raymond (GP), né en 1893 à Brainans (39), dcd en 1957, fils de Aldegrin Jean Marie (AGPP) et de MARTINEZ Julie Françoise  (AGMP) – conjoint : AYMONIER Marie Rose Joséphine, 3 enfants

Voir aussi la photothèque – galerie de portraits




Un être tortillard se planque et toute la branche est dévoyée

ou comment un bout de branche qu’on pensait bien arrimé peut nous échapper…

On l’a assez dit : il ne faut pas faire de la généalogie dans l’espoir de trouver des ancêtres nobles au risque d’être déçu. Il est en effet plus probable d’avoir dans son ascendance des agriculteurs ou des domestiques que des seigneurs ou des notaires. De là, on pourrait penser que nos ancêtres étaient statiques, tout attachés qu’ils étaient à la terre qui les nourrissait et se transmettait de père en fils. C’est sans compter sur les évènements de la GRANDE HISTOIRE qui comme on le sait a singulièrement infléchi, pour ne pas dire busqué à l’image des branches de l’hêtre tortillard,  le cours de l’existence de nos ancêtres.

Un hêtre toritllard – source : par Roi.Dagobert (1)

Ainsi, pour la lignée MAITRE historiquement campée dans le village des irréductibles jurassiens de Brainans et où l’on est cultivateur de père en fils et jusqu’aux bouts des ongles incarnés, rien ne laissait penser qu’on aborderait des contrées lointaines, si ce n’est,  pour quelque aventurier, la perspective d’une échappée à une dizaine de kilomètres de là en vue de trouver casserole à son pied ou chaussure à son couvercle…  Et pourtant…

Il a 22 ans et s’apprête en ce mois de juin 1804 à quitter le giron familial pour rejoindre son lieu de casernement. Le 5 juin, suite à un tirage au sort (2) organisé dans son village d’origine, à savoir Mirebel dans le Jura,   il a en effet été enrôlé officiellement dans l’Armée Impériale pour servir Bonaparte, récemment nommé empereur des français (18 mai 1804). Augustin –c’est son prénom- n’est certainement pas le seul du village à partir. D’autres, parmi les hommes de 18 à 40 ans, célibataires ou veufs sans enfants , ont été comme lui enrôlés d’office pour servir qui dans l’artillerie, qui dans les hussards, qui dans la Garde à cheval. Le choix se fait selon la taille des conscrits. Pour l’époque, Augustin SANTONNAS est relativement grand… 1,74 m (blond, aux yeux bleux, mmmhhh !), il sera donc affecté au 1er régiment d’artillerie à pied (3). Il n’est pas certain qu’Augustin ait eu beaucoup de mal à partir. La vie ne l’a pas ménagé jusqu’à présent et en vérité,  il n’a pas grand-chose à perdre : dernier d’une famille de 7 enfants, il n’a pas connu son père, décédé 9 mois après sa naissance et il s’est trouvé orphelin à l’âge de 10 ans. Sans doute a-t-il été pris en charge, tout comme ses frères et sœurs encore vivants, par un membre de la famille, un oncle paternel peut être ?  Mais on peut fort aisément imaginer qu’il a passé bien plus de temps à travailler dans les champs que sur les bancs de l’école, pour autant qu’il ait été scolarisé (ce qui est peu probable car à cette époque, rares étaient les communes pourvues d’une école, surtout à la campagne).

Pendant qu’Augustin se prépare à quitter son village, voyons ce qu’il se passe au même moment à 500 km plus au nord…

Elle a 18 ans et en 1804, elle n’est pas encore considérée comme majeure. Elle habite peut être dans l’Aisne avec son père, tailleur d’habits,  et sa belle-mère. La mère de Josèphe Narcisse –c’est son prénom- est décédée en avril 1794 dans des conditions tragiques,  étouffée dans une cave lors de l’incendie provoqué par l’armée des Etats généraux des Provinces Unies à Prisches (Nord) à l’occasion du siège de Landrecies.  La petite n’avait alors que 8 ans.  Rien ne permet de dire si ses frères et sœurs ont péri dans l’incendie avec leur mère, Marie Catherine Josephe CAMUT, mais ce qui est certain, c’est que seules deux des filles de la famille semblent avoir eu une existence civile par la suite (actes à l’appui) : Marie Catherine Joseph, l’aînée et Josèphe Narcisse, la cadette. Elles ont 15 ans de différence et on peut aussi émettre l’hypothèse que c’est la grande sœur, mariée depuis 3 ans déjà au moment du décès de la mère,  qui s’est occupée de la petite. Le père quant à lui devait être absent lors de l’incendie car de par son métier, il est amené à se déplacer souvent.  En tout cas, ce n’est qu’en 1796, soit deux ans après,  qu’il vient déclarer le possible décès de sa femme à la mairie de Prisches.

Alors, comment ces deux-là se sont-ils rencontrés ?

Parti du Jura, Augustin SANTONNAS est donc affecté dans un premier temps au 1er régiment d’artillerie à pied de La Fère, dans l’Aisne, sans doute pour y suivre son instruction militaire en tant que futur canonnier. Fondé en 1720, le régiment de La Fère est issu du 1er bataillon du Royal Artillerie et devient en 1790 le 1er régiment d’artillerie où Napoléon Bonaparte a fait ses armes avant de devenir empereur. A ce titre, La Fère accueille aussi une prestigieuse école d’artillerie.

Est-ce que le père de Narcisse était tailleur d’habits pour le régiment ? ou son beau-frère –le mari de sa sœur- était-il lui-même militaire ? ou peut-être quelqu’un d’autre de sa famille ? Impossible de l’affirmer à ce stade. Toujours est-il que c’est à La Fère que ces deux-là ont dû se rencontrer en 1804 ou en 1805 (4). A la veille de la Saint-Valentin, il me plait d’imaginer que c’est parce qu’ils étaient faits l’un pour l’autre. On a le droit de rêver, même au 19ème siècle !

On imagine encore qu’Augustin n’est pas resté à La Fère pour s’adonner au tricot et qu’il a dû participer avec sa compagnie à des batailles, comme Ulm (octobre 1805) et/ou Austerlitz (2 décembre) et/ou Iéna (14 octobre 1806) et/ou Friedland (14 juin 1807). Heureusement pour nous ses descendants, il en est revenu. Et en mars 1808, on le retrouve de source sûre à Strasbourg où est basé un des bataillons du régiment de la Fère.

Pourquoi de source sûre ? parce que c’est lui qui vient déclarer la naissance de son premier fils, Emmanuel, le 2 mars 1808. Le petit est né au 4 Rue des Trois Hommes, sans doute le lieu de résidence de sa mère qui est alors âgée de 22 ans … Il est probable que Narcisse se soit enfuie de chez elle pour rejoindre Augustin contre l’avis de sa famille. Enfin… celle qui lui reste, car entre temps son père est décédé (1805). Quant à sa sœur aînée, les archives ne livrent pas d’informations si ce n’est qu’elle a eu une fille et que le couple est resté à Prisches. Bref ! voilà nos deux tourtereaux encombré d’un enfant illégitime –car né hors mariage- ce qui à l’époque n’était pas bien vu… Mais qu’à cela ne tienne, le pauvre Emmanuel, se sentant de trop, décède un mois après à Strasbourg. 

Néanmoins, la naissance d’un enfant a sans doute eu pour conséquence d’abréger la carrière militaire d’Augustin.  Le 18 septembre 1808, il part en effet en congé de réforme et rentre au pays avec Narcisse sous le bras.  Le couple se marie le 12 avril 1809 à Mirebel. Comme beaucoup d’anciens militaires, Augustin se voit –vraisemblablement- proposer un poste au service de l’Etat, en tant qu’exploitant forestier, ce qui amènera la petite famille à beaucoup bouger dans le département du Jura : Marigny en 1811, où naîtra un fils, La Marre, en 1816, où naîtra Clarisse Marie, notre ancêtre, et enfin Brainans à partir de 1819, où naîtront les deux dernières filles et où Augustin et Narcisse finiront leur vie, respectivement courte (1828) et longue (1875). 

Pour boucler la boucle, précisons que Clarisse Marie SANTONNAS, née en 1816 épousera en 1839 Félix MAÎTRE. Le couple aura 3 enfants, dont Aldegrin MAITRE, né en 1849, qui est notre AGP.


(1) Le Hêtre tortillard (Fagus sylvatica groupe Tortuosa, appelé aussi fau) est un hêtre caractérisé par un tronc tortueux et des branches et rameaux tordus et retombants qui lui donnent un port particulier comme un parasol. La croissance d’un hêtre tortillard est très lente. Mutation génétique, virus ou toute autre raison, l’origine de ces arbres reste un mystère. S’ils peuvent donner naissance à un arbre normal, l’inverse n’est pas possible. C’est un groupe rare que l’on trouve en nombre dans les bois de Verzy, près de Reims, mais aussi en Moselle, en Haute-Saône et en Allemagne.

(2) appelé aussi « conscription », un système de réquisition régi par la loi Jourdan du 19 fructidor an IV (5 septembre 1796)

(3) Ne me demandez pas pourquoi mais le Doubs, le Jura et l’Ain sont des départements où la taille des hommes est particulièrement grande, proportionnellement aux autres départements, selon l’étude très intéressante menée en 1863 par M. Boudin (qui,  lui, ne devait pas être très grand J) – cf références ci-dessous

(4) sur son acte de décès, il sera  indiqué que Narcisse était originaire de La Fère, où elle serait née le 15/08/1783 . En fait, la date ainsi que le lieu de naissance sont erronés, mais si ce lieu est ressorti, ça n’est certainement pas un hasard. 

SANTONNAS  Jean Augustin, né en 1782 à Mirebel (39), dcd en 1828 à Brainans (39), fils de Jean Pierre et de PROST Jeanne Claudine – conjoint : BOUCHER Josèphe Narcisse, née en 1786 à Prisches (59), dcd en 1875 à Brainans (39), fille de Pierre Joseph et de CAMUT Marie Catherine Josèphe – 5 enfants dont Clarisse Marie, AAGMP (6ème génération)

Sources : Boudin. De l’accroissement de la taille et de l’aptitude militaire en France (suite). Journal de la société française de statistique, Tome 4 (1863) , pp. 231-241. http://www.numdam.org/item/JSFS_1863__4__231_0/




Et si on parlait… épidémie ?

Pierre et Louise,  70 et 64 ans, couple de non-retraités par obligation, habitent à Aboncourt, un petit village de Haute-Saône dont la population atteint tout juste 300 âmes, dont beaucoup en peine et vivant plutôt mal que bien de l’exploitation des vignes, du bois et des céréales. Pierre et Louise sont d’ailleurs journaliers dans les vignes, c’est-à-dire qu’ils se tuent au travail 10 à 15 h par jour, gagnent des clopinettes, sont dehors par tous les temps et  ne savent même pas si le lendemain ils auront du boulot…  

Leurs 3 enfants, 35, 33 et 26 ans, toujours célibataires sont logés à la même enseigne. Tout ce petit monde vivant sous le même toit est aussi tributaire des conditions météorologiques et de la qualité des récoltes. Or en 1852 et 1853, ces dernières ont été quasiment nulles et le prix du blé a flambé. De plus, l’hiver 1853-1854 a été précoce et rude, le printemps anormalement chaud et le début de l’été anormalement pluvieux. D’où de mauvaises conditions de travail (ou pas de travail du tout), une misère extrême, des privations et le retour dans les foyers de la fièvre typhoïde dûe à cette époque à la consommation d’eau infectée par la bactérie.

Comme si cela ne devait pas suffire, en juin 1854, le choléra commence à faire son apparition en Haute-Saône. Certes, cette sympathique maladie était déjà connue puisqu’en 1832, puis en 1848, elle avait déjà décimé une bonne partie de la population parisienne, faisant à chaque fois environ 18’000 victimes.  Pour autant, rien ne permettait aux autorités d’anticiper quoi que ce soit : des hôpitaux, il y en a très peu, cantonnés dans les grandes villes et ils n’ont pas encore la mission médicale qu’on leur connait. Les médecins vivent aussi majoritairement en ville, et ils n’ont ni les connaissances, ni les ressources nécessaires pour faire face.  Bref… on ne connaissait pas le luxe de pouvoir anticiper, polémiquer ou se confiner . Pas de débats ni guerres intestines sur le sujet des masques, des tests, des vaccins… quelle chance  !!!

A Aboncourt, les deux premiers décès attribuables au choléra interviennent le 21 juillet 1854. C’est le début d’une longue série qui va se poursuivre jusqu’au 8 septembre.  Dans ce petit village de 300 habitants, il y aura au total 35 décès de personnes atteintes par le choléra. C’est 7 fois plus que la mortalité habituelle !

Pierre et Louise ont certainement lutté contre la maladie. Ne faisant pas partie des premières victimes, ils ont peut être même pensé qu’ils y échapperaient. Et pourtant… pourtant…

Le 11 août 1854, Pierre TOURLAQUE, manouvrier vigneron rend son dernier souffle à deux heures du matin à son domicile. Il a alors 70 ans. Son décès est déclaré le jour même par son fils, Gaspard,  accompagné d’un voisin.

Et le 29 août 1854, c’est au tour de sa femme,  Louise DUNOT d’y passer dans les mêmes conditions (à une heure du matin, à son domicile). Cette fois, ça n’est pas un de ses fils qui vient déclarer le décès. Faisaient-ils partie des nombreuses personnes ayant pris la fuite entre temps ? On ne le saura jamais… et à vrai dire, cela importe peu !

Ce qu’on retient, c’est le bilan… Désastreux.  Les résultats du dénombrement de la population en 1856 accusent dans le département de la Haute-Saône une diminution d’1/10ème de la population  (33’000 âmes sur 347’000). Pendant quelques temps, le nombre moyen des décès a été de 300 à 350 par jour dans ce seul département !

La Haute-Saône était au 3ème rang des départements les plus touchés. Gy, non loin d’Aboncourt, a été l’épicentre de cette terrible épidémie (30 à 60 décès par jour mi-août). Les sujets de 46 à 50 ans et les vignerons, très nombreux dans la région,  étaient les plus touchés.  

Les environs de Gy, épicentre de l’épidémie de choléra en 1854
Infographie_Choléra_1854

TOURLAQUE Pierre né en 1784 à Aboncourt (70), dcd en 1854, fils de Claude et de GELIN(OTTE) Jeanne et DUNAUX ou DUNOT Louise née en 1789 à Aboncourt, dcd en 1854, fille de Jean Baptiste et de MOUREY Antoinette – 4 enfants, dont Gaspard TOURLAQUE qui a eu une fille, Joséphine, mariée avec Stéphane AYMONIER. Ce couple a eu une fille, Rose AYMONIER, GMP.

Sources : Niobey, P.-Alphonse (Dr), 1858. Histoire médicale du choléra-morbus épidémique qui a régné en 1854 dans la ville de Gy (Haute-Saône) – https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5421526s – Bourdelais P., Demonet M., Raulot J-Y. 1978. La marche du choléra en France : 1832-1854. In: Annales. Economies, sociétés, civilisations. 33ᵉ année, N. 1, 1978. – 1865. Note statistique sur le choléra de 1832, 1849 et 1854 in Journal de la société statistique de Paris, tome 6 (1865)




La mobilité avant l’heure…

Il a 21 ans et vient tout juste de terminer ses études à l’école nationale professionnelle d’horlogerie de Besançon (spécialité : petite mécanique de précision). Il a aussi mis fin à 9 ans de scoutisme durant lesquels sa persévérance et sa rigueur lui ont permis de gravir les échelons, louveteau, éclaireur, puis routier. Pour autant, il s’est déjà forgé une très haute et noble opinion de la liberté individuelle, qui comprend celle de penser par soi-même, de s’exprimer et d’agir sans contrainte. C’est aussi pour lui de se déplacer librement et de choisir ses activités et son mode de vie en toute indépendance… C’est ce qui va l’amener dans les dix années qui vont suivre à changer chaque année de lieu d’habitation et presque autant de travail…



MAÎTRE Bernard, né en 1927 à Besançon, dcd en 2014, fils de Raymond (GPP) et AYMONIER Rose – Conjointe : MORIN Thérèse, 3 enfants

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