Je me suis intéressée aux prénoms de notre arbre généalogique. Aucune surprise en ce qui concerne le top 5 des prénoms les plus portés : Marie, Jeanne, Françoise, Anne et Claudine pour les filles, et Jean, François, Pierre, Joseph et Claude pour les garçons. Sur ce coup là, on n’est pas très original, en tout cas pour les siècles passés… Je retiens néanmoins, pour chaque genre, quelques pépites. Je vous invite donc aujourd’hui à rentrer avec moi dans la ronde des prénoms délicieusement démodés…
La ronde des garçons
Pour commencer, citons un Bénonime, né en 1782, non dans le Gard comme son prénom pourrait l’indiquer, mais en Côtes d’Armor… Nous avons également un Némorin (1850), mais qui n’était pas du tout né de nos MORIN à nous, puisque témoin du décès d’un de nos ancêtres en Haute-Saône… un Fiacre (1630), dont on ne sait pas, tout laboureur qu’il fût, s’il avait l’habitude de monter sur ses grands chevaux. Une poignée d’Hippolyte qui tentent de se distinguer au fil des siècles par le biais d’orthographes très approximatives (Hyppolite, Hippolite, Hippolithe, Hypolyte, etc.). On a aussi du lourd avec un Léger BOILLOZ en 1708, qui épouse une dame ROGNON en 1736 (sic!). Un Zéphirin fait son apparition en 1852, prénom qui semble beaucoup moins amusant quand on sait qu’il a été porté au 3ème siècle par un pape considéré comme martyr, à cause des souffrances qu’il eut à endurer pendant la persécution de Sévère. Le prénom Aguar (1836) fut porté par un ancêtre instituteur… (espérons qu’il ne l’était pas trop en entrant dans sa classe!). Fort heureusement, il ne faisait pas partie de notre lignée bretonne des AGAR et ne présentait donc pas de vertus gélifiantes particulières… Antide, né en 1747, avait sans doute trouvé quant à lui l’antidote pour ne pas mourir décapité comme le Saint qui porta ce prénom avant lui… Mermet, diminutif de Merme, a été porté par un ancêtre haut-savoyard en 1665. Et la palme ne peut revenir qu’à Palmyr, un prénom qui aurait plus sûrement un lien avec le site archéologique syrien plutôt qu’avec le zoo, et qui a été porté successivement en 1821 et 1843 par deux ancêtres francs-comtois…
La ronde des filles
Nous entrons dans la danse avec une Bénigne (1651) qui a eu la mauvaise idée de naître dans la famille TRUFFE… Bénigne TRUFFE, ça vous pose son homme, ou plutôt… sa femme ! Une Melquide nous fait aussi du pied en 1603. L’origine du prénom serait peut être à rapprocher de Melquiades, donné en Espagne et au Portugal… mais je n’en sais pas plus. Une Léocadie en 1869, sans doute la soeur de Jacques (a dit). On ne peut s’empêcher de penser que Scholastique a bien fait de naître en 1847 plutôt qu’à notre époque où ce genre de prénom élastique aurait eu vite fait de lui revenir en pleine face (pour la petite histoire, Sainte Scholastique était une moniale catholique née à Nursie en Italie en 480). Une Frésine née en 1863 a eu la bienséance de décéder en 1943 dans la capitale de la framboise à Machilly, Haute-Savoie. Marie Egyptienne (1820) s’est quant à elle perdue dans un petit village du Doubs, bien loin de la Palestine d’où ce prénom est issu (plus précisément de Sainte Marie l’Egyptienne qui y aurait vécu au Vème siècle). Le prénom Andréanne est quant à lui décliné au fil des siècles dans diverses versions et graphies, Andrya, Audrya, Andréa, et j’en passe. Amadea (1708), Althéma (1810), Anatolia (1616) nous remplissent la bouche de A pour bien insister sur la spécificité toute féminine de celles qui les portent. Par contre, il faut croire qu’on avait des doutes avec Pieronne (1593). Le prénom Toussine a pu être attribué sans grande originalité à l’occasion de la Toussaint à une petite fille née vers 1738… Enfin, avec son prénom d’hier par excellence, Hyéromine (1828) a précédé Géronimo, chef de guerre apache, dont la légende et le cri de guerre ont bercé notre enfance… Géronimo, Géronimo !!!
Voilà, cet article se termine mais la ronde des prénoms, elle, n’en a pas fini de tourner… De nos jours, la mode est aux prénoms très courts, qui se prononcent vite, car pour ça non plus, on n’a pas de temps à perdre. Mais il n’est pas exclu qu’au fil du temps, certains prénoms cités ci-dessus soient remis au goût du jour, notamment par le biais des médias qui ont une grande influence sur nos choix aussi dans ce domaine. Le phénomène est étudié par l’anthroponymie, une science qui s’intéresse aux noms et prénoms des personnes et qui malgré un nom à coucher dehors est très souvent en phase avec les questions sociétales actuelles.
Pour aller plus loin :
https://www.franceculture.fr/histoire/le-choix-du-prenom-en-france-en-2018-liberte-diversite-originalite : Les Français choisissent des prénoms de plus en plus divers et originaux par rapport au passé. Depuis 1993, ils sont aussi plus libres dans leur décision ; l’état-civil ne pouvant plus refuser de prénoms. Seule la justice en a le pouvoir, dans l’intérêt de l’enfant.
https://www.insee.fr/fr/statistiques/3532172 : grâce à cet outil interactif et ludique, retrouvez le classement des prénoms en France depuis 1900 et jusqu’en 2020, mais aussi le palmarès des prénoms les plus donnés pour les filles et les garçons, des graphiques des prénoms les plus fréquents, etc.
https://dataaddict.fr/prenoms/ : Quels sont les prénoms les plus donnés en France ? Le vôtre est-il original ? Combien d’homonymes sont nés la même année que vous ? Y a-t-il un retour des Alphonse, Martine, Eugène, Brigitte ou Marcel en 2010 ? Les prénoms en trois lettres comme Zoé, Tim ou Léa ont-ils toujours la cote ? Quels personnages de série ont inspiré le plus de parents en France pour prénommer leur enfant ? Une tonne de questions autour des prénoms dont les réponses se trouvent dans cette data-visualisation.