Nous avons quitté notre jeune Louis MORIN alors qu’il se remettait tout juste d’une blessure causée à la jambe gauche par une grenade, blessure assez sérieuse puisqu’il est hospitalisé près du Mans pendant 3 mois 1/2. Le 12 décembre 1918, il bénéficie d’une permission exceptionnelle d’un mois pour se reposer et accessoirement… se marier ! Nous le retrouvons donc le 15 décembre 1918 pour le mariage civil, à Ploeuc, dans les Côtes du Nord (appelés à présent Côtes d’Armor). Certes, comme vous n’avez pas manqué de le remarquer, c’était un dimanche, mais le maire qui est agriculteur impose son rythme : il officie un seul jour par semaine et c’est celui où il n’est pas aux champs !
Le mariage religieux a lieu 2 jours plus tard, Louis tout pimpant dans son uniforme avec des galons neufs, Jeanne sur son 31 avec sa coiffe, son beau châle brodé à Paris pour la circonstance et son tablier en soie brochée avec une jolie dentelle. (Photo couple au mariage).
Il a 27 ans, Jeanne en a 24. Il aura passé 7 ans de sa vie à « servir son pays » comme on dit. Oui vous avez bien lu : SEPT !!! deux ans de service militaire « classique », puis quatre appelé à batifoler avec la mort en Champagne, dans la Somme et à Verdun. Et enfin, comme si cela ne suffisait pas, une démobilisation qui tarde à arriver : tout frais marié qu’il est, on l’envoie en effet après sa permission à Limoges pour aider au recensement du blé et du bétail auprès d’agriculteurs qui, échaudés par l’occupation allemande, cachent tout … Le 18 août 1919, Louis est enfin libéré de ses obligations militaires mais pour une obscure raison, il est envoyé à Lille pour superviser la distribution du matériel en provenance des Etats-Unis qui doit servir à redémarrer les usines du Nord.
C’est là qu’un industriel lillois, M. Lefèbvre, le remarque et lui propose un poste comme agent de maîtrise dans sa filature à Loos (59). On peut imaginer que c’est aussi à cette période que Jeanne, son épouse, le rejoint dans le Nord puisqu’en juillet 1920 a lieu la naissance de leur premier enfant, une fille : Marie-Louise.
Le couple habite alors 298 Rue Solférino, à Lille et ils ont dû y rester plus d’un an, jusqu’à ce que Louis MORIN change d’employeur : le 1er février 1922, il est en effet embauché par la prestigieuse entreprise THIRIEZ qui entre autres avantages sociaux, a la particularité de fournir un logement à ses employés.