Puisque tout ce qui est de vie
Se relie
Nous nous soumettrons
À la marée qui emporte la lune
A la lune qui ramène la marée
Aux disparus sans qui nous ne serions pas
Aux survivants sans qui nous ne serions pas
Aux appels répétés qui diminuent
Aux cris muets qui continuent
Aux regards figés par les frayeurs
Au bout desquelles un chant d’enfant revient
A ce qui revient et ne s’en va plus
À ce qui revient et se fond dans le noir
À chaque étoile perdue dans la nuit
À chaque larme séchée dans la nuit
À chaque nuit d’une vie
À chaque minute
D’une unique nuit,
Où se réunit
Tout ce qui se relie
À la vie privée d’oubli
À la mort abolie
François CHENG
in À l’orient de tout, Qui dira notre nuit – © Poésie/Gallimard, 2005, p.251