Les gueules cassées (2)

Après la guerre, malgré son handicap (il a perdu un œil), François BEAUQUIS reprend ses études, avec beaucoup de courage comme il l’exprime lui-même :

On comprendra mieux, après le récit d’une si rude épreuve, le courage qui me fut nécessaire pour reprendre mes études après plusieurs années d’interruption. Heureux les jeunes professeurs qui ont la chance de pouvoir, sans aucune rupture, préparer à la suite bachot, licence et agrégation !…

C’est à ce moment-là qu’il a dû croiser le chemin de notre grand-père, Raymond MAÎTRE, soit en leur qualité d’étudiants (notre grand-père  fut immatriculé à la Faculté des Lettres de Besançon de 1922 à 1926), soit de jeunes professeurs à l’Institution Saint-Jean, Square Castan.

Mais Besançon ne fut qu’une courte étape pour notre jeune François, puisqu’en septembre 1929, il intègre le Prytanée militaire de la Flèche, dans la Sarthe[1], où il exerça jusqu’à l’âge de la retraite comme Professeur de lettres classiques[2].

Il reçut la Légion d’honneur en 1919 , se maria en septembre 1932 à Faverges (74) avec Noëlle Joséphine, descendante de la prestigieuse famille MENTHON, mais le couple n’eut pas de descendance.

En fin de carrière, en 1957, il écrivit ses mémoires d’ancien professeur du Prytanée militaire, mémoires sur lesquelles je me base pour écrire cette chronique. C’est un récit captivant, très bien écrit et plein d’humour qui restitue bien les sentiments que peut éprouver un enseignant à cette époque.

Des liens d’amitié se sont établis entre notre grand-père et lui, puisque François Eugène BEAUQUIS fut le parrain de notre oncle François. J’ignore s’ils ont toujours maintenu des relations, ne serait-ce que de manière épistolaire, mais au moment où il écrivait ses mémoires, il était sans doute loin d’imaginer que son copain de fac’, resté à Besançon, mettrait fin à ses jours de manière brutale le 10 mars 1957…


[1] Constituant actuellement l’un des 6 lycées de la Défense, le Prytanée a toujours été une école prestigieuse depuis sa fondation par Henri IV en 1603. D’abord Grand Collège confié aux Pères Jésuites, il fut transformé par Napoléon 1er en Prytanée militaire en 1808.

[2] A l’exception des périodes mouvementées de la Seconde guerre mondiale où il fut obligé de s’expatrier à Gap et à Valence.

BEAUQUIS François né en 1897 à Marcellaz-Albanais (74), dcd en 1979, fille d’Albert Auguste et de Marguerite BEAUQUIS – conjoint : MENTHON Noëlle Joséphine – 0 enfants